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The image which comes after. According to Fabien Marques, “we always arrive too late”. So why not arrive even later than that? And why not stop chasing events? His photographic body of work is anchored in a lengthy and historical timeline. The artist learned to take photographs in the strange context of army photography school. He then worked as a lab assistant developing aerial photographs of international conflicts, images that have since seeped into his practice. Ten years after the Sarajevo conflict, he reflects on the status of the image and documents his work in detail.
These images—whatever their treatment may be (dark room, silver-based, digital, scanned film)—are permeated with the story, and mostly news stories. This is the case with his series on the murder of soccer player Luciano Re Cecconi, who was killed while he pretended to rob a jewelry store in 1977. From the story, Fabien Marques assembled an installation of photographs, objects, postcards, and geometric figures of the game die. The artist opens photography to a whole new visual arts dimension.
Photography also structures the Re-conaissance (1914-1918) series, which is made up of archived images that have been copied and glued to a table. These military photos of Verdun were found in a box at Fort de Vincennes. Never thrown out, they now live on in a new form. In a time where the digital is so often thrown out, these documents are definite conversation starters.
His practice walks the tightrope between art photography and image material. A men’s daycare is the prime example. The photographs stem from his investigation into Saxony’s prostitution. Colored in a formal way, they nevertheless hide a harsh reality. It is Fabrice Marques’ discreet look, which ensures that these art documents are captured with just the right distancing
Léa Chauvel-Lévy, April 2018
Léa Chauvel-Lévy is an art critic, independent artistic curator and artistic residency director.
FR
L’image d’après. « On arrive toujours trop tard » pour Fabien Marques, alors autant arriver bien plus tard, ne pas courir après les événements. Aussi son corpus photographique s’ancre-t-il dans un temps long, historique. L’artiste a appris à photographier dans le contexte particulier de l’École de photographie des armées. Puis il travaille comme opérateur en laboratoire sur des images aériennes de conflits internationaux, images qui imprègneront sa pratique. À Sarajevo, dix ans après le conflit, il initie une réflexion sur le statut de l’image et construit systématiquement son travail à partir de documentations approfondies.
Ses images, quel que soit leur traitement (chambre, argentique, numérique, films scannés) sont irriguées par la valeur du fait, notamment du fait divers, comme pour sa série sur l’assassinat du footballeur Luciano Re Cecconi qui, en 1977, se fait abattre alors qu’il s’amuse à faire mine de braquer un bijoutier. Fabien Marques a tiré de cette histoire une installation où se côtoient photographies, objets, cartes postales et figures géométriques du dé à jouer. L’artiste ouvre le champ de la photographie à une dimension plastique.
L’environnement photographique structure aussi sa série Re-connaissance (1914-1918) constituée d’images d’archives reproduites et collées sur une table. Ces photographies militaires de Verdun trouvées dans une boîte du Fort de Vincennes, jamais jetées, revivent ici sous une forme nouvelle. À l’heure où l’on jette les images numériques, ces documents sont un gage de conservation.
Entre photographie d’art et photographie document, sa pratique marche sur un fil d’équilibriste. Une crèche pour les hommes en est l’illustration. À partir d’une enquête sur la prostitution en Saxe est né un ensemble de photographies formellement colorées qui cachent néanmoins une dure réalité. Son regard pudique fait de ses photographies des documents d’art dont la distance est justement trouvée.
Léa Chauvel-Lévy, Avril 2018
Léa Chauvel-Lévy est critique d’art, commissaire indépendante artistique et directrice de résidence artistique.